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L’énergie et le climat, deux contraintes pour l’agriculture bas carbone

Reconnecter les filières végétales et animales est un levier d'action identifié par le Shift project pour une agriculture à bas carbone.

Le think-tank présidé par Jean-Marc Jancovici rend ses premiers travaux sur la programmation vers une agriculture à bas carbone, résiliente et prospère.

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Jean-Marc Jancovici et le think-tank qu’il préside, le Shift project, ont rendu, dans un webinaire le 6 juin 2024, leurs premiers travaux en vue d’une programmation vers une agriculture française à bas carbone, résiliente et prospère. C’est surtout Céline Corpel, ingénieur agronome et exploitante agricole, qui s’est chargé des études, pour l’instant à un stade intermédiaire. La diffusion du rapport final est prévue pour la fin de novembre 2024.

« Comme l’agriculture se place au carrefour de beaucoup de domaines, il est très compliqué de l’aborder. Mais, d’un autre côté, il est indispensable de le faire parce que son impact déborde largement sur le reste de la société », explique Jean-Marc Jancovici.

Double contrainte

Comme les autres secteurs, l’agriculture, vue sous l’angle du carbone, est confrontée à une double contrainte : d’un côté, le changement climatique, auquel elle contribue et dont elle subit les conséquences, et de l’autre côté, la raréfaction de l’énergie fossile dont elle est dépendante. Mais l’agriculture est aussi un des seuls secteurs en mesure de stocker du carbone et fournir de l’énergie.

Leviers d’action

Le Shift project identifie des leviers d’atténuation des effets du changement climatique et de résilience du secteur agricole. Il différencie les deux niveaux de travail : celui de la ferme et celui de la transformation à l’échelle nationale.

Pour l’exploitation, un des principaux leviers d’action est la diminution des émissions de gaz à effet de serre, essentiellement par la diminution des engrais minéraux, l’efficacité des couverts végétaux, l’implantation des légumineuses et de cultures à bas niveaux d’intrants (chanvre, tournesol…).

L’optimisation des prairies, de son côté, est mise en avant pour sa capacité à absorber du carbone. « Si la diminution des cheptels ruminants est un levier couramment admis pour réduire les émissions de méthane, elle doit cependant se réfléchir dans une prise en compte globale des services globaux rendus par certaines formes d’élevage, en particulier en matière de protection des sols et des eaux souterraines, de stockage de carbone, de biodiversité et plus largement d’entretien des paysages et de valorisation de surfaces non arables », écrit le Shift project.

Des millions de tonnes de carbone

Le rapport liste d’autres pistes de travail pour l’agriculteur (énergie, biodiversité, eau) et pour le secteur agricole français (relocalisation des productions, décarbonation des engrais, reconnexion des systèmes végétaux et animaux, amélioration génétique et reconfiguration de la logistique).

« Pour avoir un ordre d’idées du potentiel d’action de ces leviers sur le seul critère des gaz à effet de serre, on rappelle que les émissions directes pèsent environ 77 millions de tonnes de carbone (mais avec un montant incompressible) et les émissions indirectes, pèsent environ 20 millions de tonnes », chiffre les auteurs du Shift project.

Consultation des agriculteurs

À ce stade, ce sont surtout des pistes de travail qui ont été mises sur la table. D’ici au rapport final, le cercle de réflexion compte travailler sur ces scénarios, en explorant en particulier les synergies qui peuvent naître des leviers d’action envisagés. Il compte aussi recevoir des critiques de ses travaux. Il vient d’ailleurs de mettre en ligne une consultation des agriculteurs sous la forme d’un questionnaire pour enrichir sa réflexion.

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